Introduction

Le Solid Studio est un chargeur de réponse impulsionnelle au format pédale qui propose deux grandes fonctionnalités : des simulations d’enceintes guitare avec un chargeur d’IR supportant 2048 samples et une simulation d’amplificateurs de puissance.Cette pédale lancée sur le marché à la mi-2018 était commercialisée jusqu’a récemment mais elle à été annoncée comme abandonnée par Nux. J’ai quand même décidé de publier cette petite revue car ce chargeur dispose d’atouts intéressants et quelques exemplaires sont encore disponibles via certains revendeurs (Amazon notamment, au 04/09/2022). Et bien entendu, vous devriez pouvoir la trouver sur la marché de l’occasion, si elle vous intéresse….

Présentation

La pédale se présente dans un solide boîtier bleu d’environ 10 cm * 10,5 cm. La qualité de fabrication semble au rendez-vous : le boitier, les connecteurs, potentiomètres et autres switches semblent robustes et répondent très bien aux sollicitations.

A mon sens, les deux atouts principaux de cette pédale sont :

  • un pilotage simple et direct des paramètres par les potentiomètres et switches: pas d’écran, de menus ou de sous-menus
  • une bonne qualité sonore et un rendu des réponses impulsionnelles qui me semble assez fidèle

Illustration tirée du manuel du Solid Studio :

Les deux footswitches contrôlent l’activation de la simulation d’enceinte (gauche) et l’activation de la simulation d’amplificateurs de puissance (droite).

La pédale pèse un peu moins de 500 grammes et nécessite une alimentation 9 volts délivrant 240 mA. 

Les principales caractéristiques techniques sont les suivantes: 

  • Fréquence d’échantillonnage : 88,2 kHz
  • Conversion analogique/numérique sur 32 bits
  • Réponse en fréquence : 20 Hz – 20 kHz +/- 0,5 dB
  • Plage dynamique : 100 dB
  • Latence de 0,7 ms

La pédale travaille donc en 88,2 kHz et offre un support des IRs d’une longueur de 2048 samples (soit 46 ms), ce qui lui permet d’offrir un excellent rendu des IRs. Pour comparaison, la Mooer Radar, l’Ampero (I) ou le Quad Cortex supportent des IRs de 1024 samples (soit 23 ms). Les Torpedo Cab M et CaptorX vont plus loin et supportent des IRs de 20, 40, 100 et 200 ms.

Le Solid Studio est muni de 4 connecteurs : 

  • Input : entrée pédale, FX Send d’un ampli ou sortie enceinte (speaker) de votre ampli*
  • Thru : sortie du signal DRY (voir les schémas de connection plus bas)
  • Output (TS) : sortie du signal traité par la pédale
  • Output XLR (coté gauche de la pédale) : sortie XLR du signal traité

*ATTENTION : le Solid Studio N’EST PAS UNE LOAD BOX. Si vous connectez une sortie speaker sur l’entrée de la pédale vous DEVEZ activer le mode SPEAKER (« SPK ») sur le switch à l’arrière et vous DEVEZ reliez la sortie THRU à une enceinte guitare de l’impédance attendue par votre ampli ou à une load box, sous peine d’endommager votre ampli.

Et vous trouverez également un connecteur micro USB pour configurer la pédale via un petit logiciel fourni par Nux : vous en aurez besoin pour charger vos IRs sur la pédale. La pédale dispose également d’un réglage de la sensibilité et du headroom disponible, labellisé +4db ou -10db, a positionner en fonction du niveau du signal que vous envoyez sur la pédale.

Les connexions

La pédale peut être exploitée selon différents scénarios, qui vous permettront soit d’appliquer la simulation d’enceinte a votre signal, en y associant éventuellement la simulation d’ampli de puissance, ou soit de récupérer le signal d’entrée à la façon d’un boiter « DI ». Vous pouvez donc imaginer y connecter : 

  • des pédales de distortion ou des pédales de type pré-ampli ou encore un multi-effet (en désactivant la simulation d’enceinte du multi-effet)
  • La partie pré-ampli d’un d’amplificateur guitare (FX send) avec éventuellement retour du signal dans FX return via la connecteur THRU, ce qui peut vous permettre d’enregistrer en mode « silencieux » en laissant votre ampli en stand-by (*) 
  • la sortie enceinte de votre ampli : le switch doit être sur SPK, et vous pourrez soit connecter la pédale entre votre ampli et votre enceinte , soit entre votre ampli et une load box.
  • la sortie d’une load-box : dans ce cas, vous récupérez un niveau ligne et vous utilisez le switch sur la valeur LINE et non plus SPK.

(*) Attention : certains amplis ne permettront pas cette approche : le stand-by peut également couper le pré-ampli, selon les modèles

Connexion via une boucle d’effet (préamplificateur)
IR appliqué à des pédales, signal pédale dry envoyé vers une entrée d’ampli
Connexion entre la sortie enceinte et le cab

Pour les scénarios ou vous n’entrez pas dans la pédale avec un signal d’ampli de puissance, c’est à dire lors de l’utilisation de pédales de distorsion ou de pédales de préampli ou encore de la connexion FX Send d’un ampli, vous pouvez bénéficier de la  simulation d’ampli de puissance avec des lampes EL34, des 6V6 , ou des EL84.

Si vous vous connectez à un préamplificateur en mode FX Send/FX Return sans activer la simulation d’enceinte, vous obtenez le signal direct du préamplificateur (que l’on pourrait qualifier de mode « DI »). Vous pouvez également faire de même avec la sortie SPEAKER et vous récupérez un signal complet (que vous pouvez router vers votre carte son et votre STAN) mais vous devrez avoir une charge connectée (load-box ou cab).

Le chargeur d’IR

Le Solid Studio propose 8 enceintes, avec 8 micros et 3 positions (centrale, cap edge, edge) , soit 192 emplacements. Ces emplacements embarquent les cabs « usine » de Nux : chacun d’entre-eux peut-être remplacé par l’une de vos IRs, que vous pourrez charger sur la pédale.

Les cabs de base sonnent assez bien, et le choix de micros est intéressant. Pour information, voici la liste des CABs et des micros, que vous retrouvez directement sur la pédale via les deux boutons crantés à gauche et à droite.

Les enceintes guitares livrées : 

  • JZ120 : Roland Jazz Chorus 120
  • DR112 : Fender Deluxe Reverb 112
  • BS410 : Fender Bassman 410
  • A212 : VOX AC30 212
  • TR212 : Fender Twin Reverb 212
  • 1960 : Marshall 1960 412
  • GB412 : Celestion Greenback 412
  • V412 : Celestion Vintage 30 412

Les micros associés sont les suivants : 

  • DYN421 : Sennheiser MD 421
  • S57: Shure SM57
  • U87 : Neumann U87
  • R122 : Royer R122
  • R121 : Royer R121
  • C414: AKG C414
  • C3000 : AKG C3000
  • B52 : Shure Beta 52 

3 positions sont disponibles pour chaque cab/micro, de la plus claire à la plus sombre via le switch CENT/MID/EDGE.

Pour les fans de gros son, les 3 derniers cabs de la liste donnent d’assez bons résultats et sont tout à fait exploitables.

La simulation d’amplis de puissance

Trois coloration sont proposées : EL34, 6V6, EL84. Cette dernière ne m’a pas trop convaincu, car elle donne un son très clair et un peu trop « mince », en tout cas pour les sons que j’aime obtenir. Ceci étant dit, elle pourrait s’avérer intéressante pour les tunings très bas et les amateurs de djent et autres sons très secs. Les deux autres simulations sont plutôt réussies : la version EL34 met les medium en avant et donne un peu de résonance et de substance à votre signal. L’option 6V6 donne une coloration plus « US » au son et creuse vos médiums.  

La simulation est controlée par 3 potentiomètres : Master / Drive / Présence. Les deux potentiomètres Master et Drive interagissent sur le niveau du signal (Drive amène un peu de distortion additionnelle et plus ou moins de résonance et impacte fortement le volume de la simulation). 

Les simulations EL34 et 6V6 donnent -selon mes gouts- de bons résultats sur des sons high-gain. J’aurai préféré disposer d’une simulation 6L6, mais la 6V6 est tout a fait exploitable et pourra vous procurer beaucoup de résonance dans le bas du spectre….

Le chargement d’IRs

Il s’opère via le logiciel fourni par Nux, qui permet au passage de piloter la pédale via son interface (changement du cab sélectionné, changement du micro, sim d’ampli on ou off, simulation d’enceinte on ou off…: évidemment, les potentiomètres seront désynchronisés si vous changez les paramètres depuis le logiciel, mais une simple manipulation des potentiomètres prend le pas et resynchronise le soft).

Pas de problème rencontré pour charger mes propres IRs ou des IRs OwnHammer, celles de Catharsis ou encore les IRs gratuites de Wilkinson Audio.

Après chargement, votre IR devient disponible et le logiciel vous propose un graphe de la réponse en fréquence. Un bouton additionnel dans l’interface vous permet de reinstaller l’IR d’origine dans le slot.

Petite astuce : le nombre de caractère est limité (les noms de fichiers sont souvent tronqués) mais vous pouvez l’éditer avec un clic sur la zone texte : 

Edition du nom de l’IR

Le rendu

Il est très bon et me semble très proche des résultats que j’obtiens avec Nadir ou Libra.

Voici quelques exemples très simples et sans prétention dans différentes configurations : 

  • Wampler Triple Wreck avec les simulations d’amplis
  • Dual Rectifier power sim off
  • Dark Terror power sim off
  • Dark Terror préampli uniquement

Tous les exemples utilisent une 7 cordes en tuning B, avec des Fishman Fluence modern et une Precision Drive de Horizon Devices.

Points forts / points faibles

Le Solid Studio n’est pas parfait : le plus gros reproche que je pourrais lui faire est de ne pas proposer de gestion du volume lorsque que l’on n’utilise pas la simulation d’ampli. On choisit simplement le niveau d’entrée (+ 4/-10) et c’est le volume d’entrée dans la pédale et l’équipement suivant qui permettront d’obtenir le niveau sonore voulu. Cela peut s’avérer contraignant.

Dans le cas d’une sortie ampli, le headroom est limité (2 positions) : on peut saturer l’entrée de la pédale assez rapidement, avec un niveau de sortie relativement faible sur un ampli à lampes (1/4 de master sur un Dual Rectifier de 100 watts).

A titre de comparaison, un Torpedo CAB M offrira plus de souplesse à ce niveau, avec 3 niveaux d’entrée et une gestion du volume de sortie de la pédale.

Par ailleurs, il n’y a pas d’EQ, pas de low-cut ou de high-cut, pas plus que de low-shelf ou de high-shelf : c’est l’IR, pure et dure….et il faudra s’armer d’un calepin et noter quelles IRs custom on a chargé dans tel ou tel slot lorsqu’on n’utilise pas le logiciel : c’est le prix a payer pour l’approche « boutons et switches »… 🙂

Si la simulation EL34 est très réussie, la 6V6 est un petit peu plus délicate a utiliser : sur des IRs qui possèdent un volume assez élevé, la combinaison d’un niveau de basses importantes à la simulation 6V6 peut provoquer des effets de sagging/compression si vous abusez du niveau de drive (que je maintiens fréquemment au minimum pour le 6V6, mais cela semble dépendre aussi du voicing de l’IR et de son volume..…).

Pas de sortie casque, cela aurait été un plus….

Coté atouts : une latence imperceptible, un son de qualité -notamment avec des pédales ou l’utilisation d’un FX Send-, un bon rendu des IRs, la capacité -même un peu limitée du fait du headroom- à exploiter une sortie d’ampli, une utilisation simple et rapide (des boutons, des switches et c’est tout !), ainsi que deux bonnes simulations d’amplis de puissance, pour enrichir le rendu de vos pédales ou de vos pré-amplis….

Conclusion

Il y a de la place sur le marché -à mon avis- pour des chargeurs hardware de ce type, offrant une bon rendu des IRs (ici 2048 samples, soit 46 ms) et une ergonomie de pédale traditionnelle. Le Nux Solid Studio sera intéressant pour celles et ceux qui privilégient la qualité sonore et recherchent une ergonomie simple et un accès direct via des très classiques boutons crantés et des petits switches. La capacité d’utiliser le signal de sortie d’un ampli est aussi un gros plus par rapport à d’autres pédales comme la Mooer Radar, même si le Solid Studio reste limité en la matière et qu’une load-box s’avèrera finalement indispensable pour pouvoir réellement exploiter ce type de matériel en mode « silencieux » (via des moniteurs ou au casque, et sans cab guitare connecté). Passez votre chemin si vous comptez utiliser un ampli qui nécessite d’être poussé fort au niveau du master pour sonner, à moins de passer d’abord par une load-box pour entrer en niveau ligne dans la pédale Nux.

Si vous souhaitez faire vos premiers pas avec des IRs, que vous privilégiez la qualité du son aux fonctionnalités, ou que vous souhaitiez un meilleur rendu que celui que vous obtenez avec un matériel plus limité (un chargeur existant ou un multi-effet d’entrée de gamme par exemple) et que vous êtes allergique aux écrans, menus et sous menus, pour du studio/home studio ou des petits live et si vous utilisez plutôt des pédales -disto ou pédales de préampli (*)-, alors le Solid Studio pourra peut-être se révéler intéressant pour vous, surtout si vous le trouvez à un tarif compétitif, sur le marché de l’occasion par exemple.

Je formule tout de même une petite mise en garde : pour exploiter pleinement vos IRs sur cette pédale, vous pourrez avoir besoin -en amont- d’un logiciel de type SuperCabinet ou Libra pour préparer vos IRs (du fait de l’absence d’EQ/volume/low-cut/hi-cut sur la pédale).

(*) : un ampli en live me semble difficile à utiliser si vous comptez le brancher sur un cab guitare à travers la pédale, pour repiquage, toujours pour cette question de volume d’entrée limité…

Si vous souhaitez accéder à ce niveau de qualité sonore avec plus de fonctionnalités et de souplesse (EQ, volume, presets, simulations d’amplis de puissance plus souples et plus nombreuses…), alors regardez également du coté du Torpedo CAB M+ (pédale/préamp/ampli en mode non silencieux) ou du Torpedo CaptorX (load-box + IR Loader). Et pour rester dans des budgets plus raisonnables, vous pourriez également vous intéresser au petit chargeur lancé par TC Electronic en début d’année….

Comme mentionné dans l’introduction, le produit est arrêté par Nux, il n’y aura donc probablement plus de mises à jour de firmware et plus d’évolution du soft de chargement des IRs.

Manuel, firmware et éditeur sur la page produit : https://www.nuxefx.com/solid-studio.html 

Vous trouverez aussi plus de détails sur le Solid Studio sur cet article de blog de NuxFx : https://nuxefx.blogspot.com/2018/05/ir-impulse-response-feats-nux-solid.html