Introduction

Le choix en matière de pédales de préamplification et de distorsion est très large : il s’étend des pédales les plus abordables aux pédales les plus onéreuses. Beaucoup d’entre elles sont très accessibles et sont devenues très populaires. Elles peuvent, pour certains guitaristes, être utilisées en complément de leur ampli pour aller chercher de nouveaux sons et pour d’autres, constituer le maillon principal pour l’obtention de sons saturés. Pour les débutants qui découvrent et commencent à utiliser ces matériels ou qui voudraient en acquérir, voici un petit guide de mise en oeuvre pour essayer d’en tirer parti, et notamment dans le cas ou vous allez utiliser des réponses impulsionnelles.

Pédale de distorsion ou pédale préampli ?

Difficile de s’y retrouver, et beaucoup de confusion règne autour des dénominations de pédales: certains les labellisent “préampli”, d’autres les appellent des pédales de distorsion. Les termes sont fréquemment utilisés de manière assez interchangeable et semblent designer la même chose : une pédale qui va produire de la distorsion et que l’on va brancher sur un ampli ou sur une carte son…

Après quelques recherches et quelques expérimentations, je propose de les distinguer de la manière suivante : 

  • les pédales de distorsion classiques sont plutôt prévues (ie voicées) pour être utilisées devant un préampli et sont donc envoyées à l’entrée guitare de l’ampli. Elles sont utilisées sur le canal clean de l’ampli qui va être transformé par le son de la pédale.
  • les pédales de préampli sont quant à elles concues pour remplacer la section préampli de votre ampli et être directement envoyées à un étage de puissance (son moins équilibré si vous passez par votre canal clean)

La coloration et le voicing sont donc généralement différents entre les deux.

Connections distorsion et préamplificateur

Note : certaines pédales de distorsion peuvent très bien être envoyées directement à une section ampli de puissance et sonner de manière très satisfaisante…. La distinction n’est donc pas toujours aussi simple !

Overdrive ou pas dans le cas d’une pédale de préampli ? Cela dépendra de vos micros guitares, de votre préampli et des sonorités recherchées. De mon coté, je met quasi systématiquement une overdrive devant les preamplis que j’utilise, sinon j’obtiens la plupart du temps un résultat plutôt boueux.

Dans cet article, on s’intéresse aux pédales de type préampli.

Avec des amplis guitare

Avec un ampli guitare, la connexion généralement recommandée est celle de la boucle d’effet (FX Return) pour entrer directement dans la section de l’ampli de puissance. Dans ce branchement, le volume de la pédale contrôle le volume de l’ampli si vous n’avez pas de volume master.

Rien ne vous empêche de tester un branchement du type pédale -> entrée guitare -> préampli/ampli guitare classique, mais vous devriez constater que vous allez obtenir de meilleures sonorités avec un branchement dans la boucle d’effets. Alternativement, des power amps standalone existent pour les guitares, par exemple le Baby Bomb de chez Mooer au format pédale ou le Seymour Ducan PowerStage.

Sans ampli guitare

On peut imaginer deux scénarios : 

  • l’un avec une entrée directe dans une carte son (overdrive -> preamp -> carte son -> chargeur de réponse logiciel)
  • l’autre avec une entrée vers un chargeur de réponse matériel (overdrive -> preamp -> hardware impulse loader comme une Two-Notes CAB M)

En jouant et en enregistrant de cette manière, j’ai souvent constaté que j’obtenais un son assez fade, criard et plutôt synthétique, qui manquait de réalisme. En fait, il manque ici assez souvent un ingrédient essentiel : la coloration apportée par la partie amplificateur de puissance.

La partie simulation de power amp peut alors être utilisée pour modifier le son et lui donner plus de caractère et plus de réalisme.

Note: cela peut être superflu dans certaines situation, cela dépend aussi du préampli et de l’IR choisie et le son brut du préampli peut être exploitable.

Power amps ?

La section ampli de puissance est le dernier étage des amplis guitare, en charge d’amplifier le signal pour l’envoyer aux hauts-parleurs. Sur les amplis à lampe, divers types de lampes sont utilisés par les constructeurs, et leurs caractères et leur mise en oeuvre (transfos, bias,…) colorent très fortement le son produit. Les lampes rencontrées le plus couramment sont les suivantes: 

  • 6L6  : 30 watts max (x4 = 120 Watts), typiquement le gros son Américain, utilisé dans les gros amplis comme les Mesa Dual Rectifier, Peavey 6505 ou encore le Revv Generator 120.
  • 6V6 : 14 w max (x2 = approx 28 W), petit cousin des 6L6, son Américain, utilisé dans des amplis moins puissants comme le Mesa Boogie Fillmore, le Fender Super Champ ou encore les Randall Diavlo RD20 
  • EL34 : 25 watts max (x4 = 100 Watts), son British par excellence, utilisé dans les amplis Marshall mais aussi Orange ou EVH
  • EL84 : 12 watts (x2 = approx 24 watts), son British également, historiquement utilisée par Vox, cette lampe se retrouve dans presque tous les « petits » amplis high-gain : Mesa Mark Five, Hughes&Kettner, Jet City Amplification, Engl E606, Laney IRT Studio, Peavey 6505 Mini, amplis Orange… 
  • KT77 : moins typée, peut se substituer à une EL34. Se retrouve sur les amplis Diezel depuis quelques années
  • 6550 : plus rare, se retrouve aujourd’hui sur le ENGL Savage par exemple
  • KT88 : moins typée, peut se substituer à une 6505
Tubes de puissance

Pour un panorama assez complet des lampes de puissance, consultez cet article : https://www.premierguitar.com/articles/22739-power-trip-a-guide-to-power-tubes-and-their-signature-sounds.

Second article intéressant dans la même veine : https://www.seymourduncan.com/blog/the-tone-garage/know-your-amp-different-kinds-of-tubes avec notamment deux videos pour apprécier les différences de sonorités : l’une avec un Orange 50 Watts et l’autre avec un Randall Satan.

Pour observer l’impact du changement de lampes de puissance :

Diezel VH4 avec 3 types de lampes de puissance

Pour obtenir cette coloration avec des IRs, on peut utiliser soit un plugin dédié -dans le cas de l’utilisation d’un ordinateur-  soit passer par la section simulation d’ampli de puissance du chargeur de réponse impulsionnelle (Torpedo Live, Torpedo CAB M ou Mooer Radar par exemple).

Power amps Two-Notes

Le plugin de Two-Notes embarque une section dédiée à la simulation d’ampli de puissance (les pédales CAB et le Torpedo Live ou Studio également), avec pas moins de 4 simulations différentes, et pour chacune d’entre elles, deux modes  : push-pull ou single-ended.

Les simulations proposées sont les suivantes : 

  • 6L6
  • EL34
  • EL84
  • KT88
Sélection et paramètres power amp WOS

Un réglage complémentaire est disponible : il s’agit de la sélection du mode pentode ou triode, qui permet de changer le type de distorsion.

3 potentiomètres sont présents pour régler la simulation : 

  • le volume permet de définir l’intensité de l’effet. Il peut venir impacter  le volume global de sortie du plugin ( ou de la pédale dans le cas du CAB M. par exemple)
  • Présence : agit d’une façon un peu similaire au réglage de présence d’un ampli, avec le plus de clarté et d’incidence vers le maximum
  • Depth : agit de façon similaire au réglage depth ou resonance d’un ampli, plus de présence dans les basses en montant le réglage

Ces trois paramètres vont permettre d’ajuster l’effet et de colorer le son de votre préampli de manière plus ou moins prononcée. Ajustez les niveaux inputs et output en conséquence lorsque vous modifiez significativement les paramètres de l’ampli de puissance. Ma préférence personnelle va au mode push-pull et pentode, avec les simulations 6L6, EL34 et KT88.

Trois exemples simples réalisés avec :

  • EMG81
  • MaxonOD808
  • RevvG4
  • Power Amp WOS
  • WOS et IR Overdriven Fatboy G12K100 (E906)

Revv G4, Two Notes KT88

Revv G4, Two Notes EL34

Revv G4, Two Notes 6L6

Plugin Ignite TPA-1

Le plugin d’Ignite est l’un des rares plugins adressant uniquement la simulation d’ampli de puissance que j’ai pu trouver : si vous en connaissez d’autres du même type, merci de laisser un commentaire.

Site de IgniteAmps : http://www.igniteamps.com/, TPA-1 : http://www.igniteamps.com/#tpa-1

En utilisant un ordinateur, on peut le placer avant le chargeur de réponse impulsionnelle : 

Plugin TPA-1

Le TPA-1 simule un ampli à lampe de classe AB et dispose de deux écrans pour la paramétrer. 3 simulations sont disponibles : 

  • EL34
  • 6L6
  • KT88

Les contrôles du premier écran sont assez évidents :

Pour le panneau “arrière” :

L’utilisation de l’oversampling est recommandé pour limiter les effets « numériques ».

Réglage du bias : le son devient plus ou moins percutant et défini

Feedback: des valeurs faibles donnent un son plus brut, plus moderne. Il impacte directement le rendu des réglages Presence et Depth

Sagging: agit sur la simulation de compression des lampes

Resonance : ajout de fréquences basses et aigus, avec un effet de médiums creusés plus ou moins marqués

La résonance peut notamment être utilisée pour réveiller des IRs un peut flat ou avec peu de low-end et les colorer à la façon d’un ampli à lampes.

Note : ce contrôle semble assez similaire à celui ajouté directement dans Nadir V2 et qui porte le même nom.

Conclusion

L’utilisation de pédales de préampli permet d’accéder à de nombreux sons et distorsions différents. La sélection d’IRs adaptées et l’utilisation des simulations d’ampli de puissance peut vous procurer des sons extrêmement réalistes.

Bonus : Lasse Lammert Mago DI pack

Pour apporter un peu plus d’illustration à l’utilisation des preamps et des simulation d’amplis de puissance, voici 2 exemples de reamping d’un morceau de Lasse Lammert, en version, 6L6 et KT88. Chaine : OD808, RevvG4, Torpedo WOS et IR Overdriven.fr Zilla Fatboy G12K100 E906.

Lasse Lammert Mago DI – Revv G4, Two Notes KT88

Lasse Lammert Mago DI – Revv G4, Two Notes 6L6

Vous pouvez retrouver ce pack dans les liens de cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=GVWjtGGvBrk

Chaine YouTube de Lasse Lammert : https://www.youtube.com/user/LasseLammert

Note : les riffs et cover partiels présentés ici en exemple le sont à des fins éducatives (utilisation d’amplificateurs et de réponses impulsionnelles ). Ces riffs et morceaux demeurent la propriété des détenteurs des droits d’auteurs.