Introduction

Dans ce second article, nous adressons la chaine du signal pour la mise en oeuvre de réponses impulsionnelles et une première prise en main des chargeurs de réponses.

Chaine du signal : introduction

Il s’agit du chemin que va parcourir votre signal de guitare pour arriver jusqu’au chargeur de réponse impulsionnelle pour y appliquer l’IR.

Pour les guitares avec distorsion et en utilisant un amplificateur réel, le chemin « classique » est constitué des éléments suivants :

  • La guitare
  • Une pédale d’overdrive ou de boost
  • Puis passage dans l’amplificateur (couple préampli-ampli)
  • Et sortie vers l’enceinte de guitare

Dans ce scénario -et avec des amplificateurs modernes- l’essentiel de la distorsion est générée par la partie préamplificateur. Les autres éléments permettent soit de colorer le son (overdrive, ampli de puissance, enceinte) soit de le colorer et d’augmenter le gain pour obtenir plus de distorsion (pédale d’overdrive). Bien entendu, ce n’est pas le seul chemin / la seule combinaison de matériel permettant d’obtenir des sons de guitare saturés, mais c’est l’un des plus conventionnels, et on partira de ce chemin dans le premier exemple ci-dessous.

Pour utiliser les IRs, un chargeur de réponse va être introduit : vous pouvez vous référer à la première partie de cette série d’articles pour avoir un panorama (non-exhaustif) des possibilités en la matière (soft, hard,…).

Dans le monde réel, le son est obtenu au final à travers l’enceinte de guitare :

Chemin du signal

Lorsque nous allons ajouter un chargeur de réponse, notre signal va être envoyé à un couple CAB et micro, destiné à être reproduit par une enceinte « neutre » et permettant d’obtenir directement le son à enregistrer si vous enregistrez vos oeuvres 😉 :

Chemin du signal avec IR

Via une STAN et un chargeur logiciel

Dans ce premier exemple, l’illustration proposée utilise un ampli Laney IronHeart Studio. Cet ampli est intéressant notamment parce qu’il dispose d’une charge intégrée (on peut l’utiliser sans connecter d’enceinte) et qu’il est capable de sortir son signal au niveau ligne (sortie DI, sans simulation d’enceinte). On obtient dans ce cas un signal de sortie avec le couple préamplificateur / amplificateur et cela permet donc d’obtenir un signal « complet ». C’est quasiment équivalent à un passage dans une load-box.

La sortie DI – IRT Studio

Le chemin du signal est le suivant :

  • Guitare
  • Overdrive Maxon OD-9
  • Laney IRT Studio
  • Sortie DI Laney vers la carte son
  • Logic Pro X sur Mac
  • Chargeur : Two-Notes Wall Of Sound, avec des IRs two-notes

Coté STAN, on va simplement configurer une instance du plugin Two-Notes sur une piste et pointer l’entrée audio correspondant au routage de l’ampli (entrée 7 chez moi):

Dans le plugin Wall Of Sound, sélectionnez votre enceinte favorite pour jouer du métal : dans ce premier exemple, j’utilise le cab Uber75 , qui combine des Celestion T75 et des V30 avec un Shure SM57 (baptisé « Dyn57 »).

Two-Notes – Wall Of Sound – Uber75 avec réglages par défaut

Si vous ne connaissez pas encore l’interface de Wall Of Sound (WOS), vous pouvez consulter sa documentation – qui est très bien faite – et obtenir une version d’évaluation gratuite, limitée dans le temps : jetez un oeil sur la page de Two-Notes Wall Of Sound pour en savoir plus.

De manière simplifiée, les contrôles de WOS sont les suivants :

-Au centre vous accédez à la sélection enceintes et micros et au positionnement du micro (graphique et via les deux potards Distance et Center). Front/back permet de placer le micro devant ou à l’arrière de l’enceinte. Variphi permet de changer la phase du signal, overload ajoute de la saturation et dry / wet permet de définir la proportion de signal d’origine (DRY) par rapport au signal traité par le plugin (WET). Par défaut, ce paramètre est calé sur 100% WET et y restera dans une majorité de cas pour les sons de guitares saturées.

-En bas de l’écran vous accédez au traitement du ou des canaux de votre piste: l’exemple ci-dessous utilise une instance stéréo et deux réglages d’IRS sont accessibles : un avec le volume 100% à gauche, et un avec le volume 100% à droite. Le bouton Link au milieu est utile car il vous permet de relier les deux canaux ce qui permet un changement de micro / enceinte plus rapide.

-Le plugin embarque une simulation d’amplificateur de puissance (Power Amp), un égaliseur, un exciter, un compresseur et une reverb. Nous reviendrons sur l’usage de ces éléments dans les articles suivants.

-Enfin, vous remarquerez la présence de deux vu-mètres et deux boutons de réglage pour gérer le niveau du signal , en entrée (INPUT) et en sortie (OUTPUT). Ces deux dispositifs sont très importants pour gérer correctement le niveau du signal au sein du plugin et en sortie du plugin.

Note : d’une IR à l’autre, le volume peut varier très significativement, la section OUTPUT permet de compenser et d’ajuster directement le niveau de sortie au sein du plugin.

D’une manière générale, je positionne le niveau d’entrée pour atteindre -9 / -6 DB en pic, et le niveau de sortie de manière à atteindre la plage également -9/-6 en pic, et parfois un petit peu plus.

WOS – Niveau d’entrée

Note: Pour pratiquer en direct ou pour le tracking (enregistrement) il est important d’utiliser une carte son avec une latence aller-retour assez faible, idéalement en dessous de 10-12 ms. Au-delà de 15-20 ms la latence peut devenir perceptible et gênante, avec un retard entre la perception du son et votre jeu.

Pour débuter

Si vous n’avez pas l’habitude d’utiliser des IRs ou si vous n’avez pas l’habitude de réaliser des prises de son en guitare saturée, vous pouvez probablement commencer par oublier vos réglages d’ampli et les paramètres d’égalisation que vous utilisez avec votre CAB : le rendu des IRs va dicter en grande partie vos réglages.

Mon conseil -si vous débutez- est de démarrer avec tout à « midi » :

  • Overdrive : volume à midi, saturation à 0
  • Ampli : bass / mid / treble / resonance / presence / gain : à midi (voire moins pour le gain si vous avez un ampli high-gain).

Le premier point important est de rentrer dans votre carte son et votre STAN avec un niveau adéquat et sans saturation de votre entrée : avec des sons saturés et une load box (ou une pédale de préampli d’ailleurs), c’est assez facile car le signal niveau ligne sera en général assez fortement compressé (dynamique réduite par rapport à un signal DI de guitare ou un canal clean). En fonction du dispositif (DI comme le Laney, LoadBox, pédale de préampli, distorsion,…) vous aurez besoin d’ajuster le volume de sortie de votre matériel : mon point de départ est généralement entre 10h et 12H pour le bouton de volume de l’ampli ou la pédale de préamplificateur, ou entre 1/3 et 1/2 si vous préférez. Coté carte son, j’essaye d’obtenir un réglage de l’entrée situé idéalement à la moitié, ou entre 1/3 et 2/3, pour essayer de faire travailler le préamplificateur de la carte son dans sa plage nominale. Ce repère peut être légèrement différent en fonction de votre modèle de carte son. Ces valeurs sont des points de départ, pas des références absolues.

Le deuxième point important est de garder à l’esprit que vous allez travailler avec une prise de son qui inclut un micro : cela à un impact prépondérant sur le rendu car le micro imprime une signature très forte. Qui plus est, la technique de base d’enregistrement sur les enceintes de guitare consiste en une prise de son de proximité, c’est à dire avec un micro collé à l’enceinte ou positionné à une distance de quelques centimètres (technique de « close miking ») : cela engendre un effet « loupe » très important et le changement de position du micro va permettre de changer fortement le son obtenu. En fonction de la position de micro choisie, vous allez obtenir un rendu plus ou moins sombre, avec un mix de fréquences différent, présentant plus ou moins de basses et d’aigus.

Le troisième aspect à garder en mémoire est que le rendu que vous allez entendre sur le matériel des autres avec un ensemble de réglages donné ne sera pas nécessairement strictement identique au votre et qu’il vous sera peut-être probablement nécessaire d’ajuster vos réglages pour obtenir une sonorité similaire. Les signaux obtenus en sortie de guitare sont fonction des micros guitare utilisés et de la guitare elle-même : votre guitare peut être plus ou moins chargée en aigus, médiums et basses, et présenter un signal très différent de celui de la démo ou de l’exemple dont vous cherchez à approcher le son. Sans parler des différences de sonorités provenant des overdrive et de l’ampli lui-même…

Dernier point -enfin- avant de passer à quelques exemples: les micros guitare et le tuning dans lequel vous jouez ont aussi leur importance. Jouer en C, B, Drop-B ou Drop-A fournit des sonorités plus chargées en basses, avec moins d’agressivité dans les aigus en général : vos choix et réglages d’IR pourront donc aussi varier en fonction de ce paramètre.

Premiers essais

Les extraits ci-dessous sont réalisés avec différentes guitares, micros et tuning. Ils utilisent tous une chaine Maxon OD9 – Laney IRT Studio (canal lead) et WOS avec un Cab Uber75 / SM57, aucun filtre et aucune EQ dans WOS ou post WOS. Les extraits sont enregistrés en DI puis ré-amplifiés.

Note : un noise gate TC Sentry et un split Lehle sont également de la partie.

Ces premiers extraits exploitent la position défaut du CAB : distance 0, centre 0 :

Dominion bridge – DropD – IRT tout à 12H, gain 5, boost1

SH4 bridge – C Standard – IRT tout à 12H, gain 5, boost1

AHB3 bridge – Drop B – IRT tout à 12H, gain 5, boost1

EMG81 bridge – E Standard – IRT tout à 12H, gain 5, boost1

Bilan : les sonorités obtenues sont agressives avec beaucoup de dureté sur les aigus, notamment à volume élevé, a l’exception du DiMarzio Dominion qui possède un voicing moins agressif (roll-off des aigus). Petite expérience : ré-écoutez les extraits à mi-volume et à volume plus élevé : vous devriez vous rendre compte que la perception de l’équilibre général du son et sa dureté change avec le volume. On note également qu’a part l’EMG 81 qui reste assez tranchant et relativement défini, les autres extraits présentent une distorsion excessive qui s’écrase et donne un son un peu brouillon…

Premiers ajustements

Ne foncez pas tête baissée sur l’égaliseur de WOS ou sur votre plugin d’égalisation favori. Tout comme dans une session d’enregistrement réel, les premiers ajustements vont consister à modifier :

  • l’eq coté ampli
  • le niveau de gain de l’ampli / de l’overdrive
  • de changer la position de micro pour obtenir les tonalités recherchées

Dans ces premiers exemples, on va chercher à atténuer la dureté en gardant un son assez trash et à obtenir plus de définition.

Pour l’exemple en Drop D , voici quelques ajustements et les résultats obtenus. Les exemples ne sont pas à prendre en référence absolus, il ne s’agit que d’en illustrer les impacts.

Dominion bridge – DropD – Bass -1, Middle -1, Treble +1, Dynamic 100, Tone 65 , IR Centre 0, Distance 0

Dominion bridge – DropD – Bass -1, Middle -1, Treble +1, Dynamic 100, Tone 65 , modification IR Centre 37, Distance 5

Dominion bridge – DropD – Bass +2, Middle -1,5 , Treble 0, Gain baissé à 4, Dynamic 100, Tone 65 , modification IR Centre 37, Distance 7

Pour l’exemple en accordage C, voici deux exemples similaires :

SH4 bridge – C Standard – Bass -1, Middle -1, Treble +1, Dynamic 100, Tone 65 , modification IR Centre 17, Distance 0

SH4 bridge – C standard – Bass +0,5 , Middle -1,5 , Treble +0,5, Gain baissé à 4, Dynamic 100, Tone 65 , modification IR Centre 19, Distance 4

Pour l’exemple en DROP B, voici également quelques exemples d’ajustements:

AHB3 bridge – Drop B – Bass -1, Middle -1, Treble 0, Dynamic 80, Tone 50 , gain baissé à 4, modification IR Centre 27, Distance 7

AHB3 bridge – Drop B – Bass -1, Middle -1, Treble 0, Dynamic 80, Tone 50 , gain baissé légèrement en dessous de 4, modification IR Centre 20, Distance 20

Conclusion

Ces premiers exemples mettent en avant les points suivants :

  • il est nécessaire d’adapter le réglage de votre ampli (eq/gain) et de votre overdrive à l’IR utilisée. Ces réglages pourront être assez différents de ceux que vous utilisez avec votre cab.
  • les micros dynamiques comme le SM57 peuvent faire ressortir et briller les fréquences aigues: diminuer le gain permet en général de récupérer de la définition et de l’attaque dans le son, et cela permet également d’en diminuer la dureté
  • L’éloignement du centre du HP dans les différents exemples atténue le niveau d’aigus et de dureté.
  • les micros et l’accordage vont produire pour une même IR des résultats différents, les accordages bas diminuant souvent la dureté car moins chargés en fréquences aigues (une IR que vous trouverez peut être inutilisable en accordage standard avec un micro donné, pourra peut être se révéler très intéressante avec un autre accordage et ou un autre micro).
  • le couple Cab / micro est prépondérant dans le rendu : tous les extraits de cet article ont le même air de famille quel que soit le micro guitare utilisé.

Les réglages utilisés pour jouer ou répéter en solitaire et ceux utilisés dans le cadre d’un mix sont souvent très différents : dans le premier cas, la guitare remplit l’espace sonore et le joueur va chercher un équilibre qui va généralement demander une forte présence dans le registre grave et médium et moins de dureté et de présence dans les aigus. Dans le cadre d’un mix, la situation sera très différente, car l’espace est compté et pour percevoir les différents instruments les sons de guitares vont devoir devenir extrêmement « fins ». Dans la pratique, on fera souvent la distinction entre des réglages de jeu solo, live ou mix : les équilibres sonores recherchés seront différents, ainsi que les volumes d’utilisation (élevés en solo, moins importants dans un mix).

Ré-écoutez l’extrait en accordage standard plus haut sur cette page, le riff de No Remorse de Metallica : isolé il est très aigu et tranchant.

Le revoici avec une version deux guitares, une à droite et une à gauche, cela donne déjà plus de relief et de profondeur :

EMG81 bridge – E Standard – IRT tout à 12H, gain 5, boost1, 2 guitares, hard pan

Réécoutez maintenant le titre original de Metallica : dans le mix original, les guitares sont également très « fines » avec un peu plus de résonances dans les basses, moins de médiums et un peu moins d’aigus.

Le volet 3 de cette série est consacré aux techniques d’égalisation de base et comporte une introduction aux techniques de prises de son pour les guitares saturées.

Note : les riffs et cover partiels présentés ici en exemple le sont à des fins éducatives (utilisation d’amplificateurs et de réponses impulsionnelles ). Ces riffs et morceaux demeurent la propriété des détenteurs des droits d’auteurs.